Ce que j’ai appris lors de l’écriture de mon premier roman

Écriture
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notes d'un écrivain qui écrit son roman
Écrit par Juliette Febrero
- Le 7 septembre 2024

Dans cette lettre, on fait le bilan sur ces années d’écriture, de réécriture, de doutes, et je vous confie tout ce que m’a enseigné mon premier roman.

Cher lecteur, chère lectrice,

Mon premier roman, La famille Irma, a de nouveau été soumis aux maisons d’édition. Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous savez que ce n’est pas la première fois que j’envoie ce manuscrit. Vous savez aussi que, pendant plusieurs mois, j’ai longuement hésité entre l’édition traditionnelle et l’autoédition.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je voulais tout de même vous expliquer pourquoi j’avais finalement choisi de soumettre mon roman aux maisons d’édition.

La raison pour laquelle je penchais pour l’autoédition n’était pas la bonne. C’était l’impatience. L’impatience de mettre un point final à ce projet, de passer à autre chose, de tenir mon livre entre les mains, qu’il soit disponible en ligne, de voir mon rêve devenir réalité…

J’ai réalisé que ça ne sert à rien d’aller trop vite. Ce qui compte, c’est que je sois fière du résultat, peu importe le temps que ça me prend pour y parvenir. À quoi bon finir mon roman en deux mois si c’est du travail bâclé ?

En plus, le travail à produire pour autoéditer son livre est monstrueux. C’est loin d’être le « chemin de la facilité », comme le croient certaines personnes. Pourtant, l’idée de tout réaliser soi-même m’attire et c’est une aventure que je tenterais bien, mais pas pour le moment.

Malgré les refus, je devais retenter ma chance auprès des maisons avec ce roman. Mon rêve est que mon livre soit distribué en librairie, ce qui est plus difficile avec l’autoédition.

Voici mon premier conseil (avant même que l’article ne commence), n’ayez pas peur d’être « lent », prenez le temps qu’il vous faut.

notes de travail d'un écrivain

Après presque trois ans d’écriture, de relecture, de réécriture, de refus, de doutes, et de mental break down, je sens que c’est bientôt la fin de l’aventure pour mon premier roman. Enfin, je suis fière de mon travail. Il ne trouvera peut-être pas sa place en maison d’édition, mais il sera publié un jour.

Dans la troisième lettre de mon journal de bord d’autrice, je voulais revenir avec vous sur ce que j’ai appris et sur les erreurs que j’ai faites tout au long de ce parcours (qui est loin d’être parfait).

Apprendre à se connaître en tant qu’auteur

Quand on écrit son premier roman, on ne se connaît pas encore en tant qu’auteur. Ce qui empêche beaucoup de personnes de réussir à venir à bout d’un premier jet. Il n’y a pas de méthode miracle, il faut trouver la sienne. Comme tout le monde, j’ai eu du mal à trouver la mienne.

Voici un petit bilan sur ce que j’ai découvert de l’autrice que je suis.

1 — Je suis une autrice qui a besoin de planifier ses romans.

La famille Irma a été le premier roman que j’ai réellement planifié. Avant, je n’avais pas compris que j’étais une autrice « architecte », c’est-à-dire, qui a besoin de prévoir son intrigue en amont.

Lorsque je commençais une histoire, j’avais en tête le pitch, la fin, et quelques scènes. Mais c’est tout, et rien d’écrit sur papier. En général, je n’allais pas plus loin que le premier chapitre. Pourtant, j’adorais faire des fiches personnages ou des frises chronologiques de mes univers (ce que je préfère faire).

Ce qui m’a débloqué, c’est que j’ai arrêté de croire à ce mythe de l’écrivain qui, du premier coup, sort son histoire de A à Z sur le papier. Je pense que mon intérêt pour le cinéma et les scénarios m’a ouvert les yeux à ce sujet. Dans ce domaine, on a conscience du boulot qu’écrire une histoire représente et des compétences techniques nécessaires.

J’ai effectué des recherches, eu des cours sur la dramaturgie durant mon école de cinéma, beaucoup lu… et j’ai réalisé qu’écrire s’apprend.

Je me suis intéressée au travail d’autres auteurs, et j’ai découvert la méthode de JK Rowling, qui utilise des tableaux pour planifier ses romans.

Grâce à ces tableaux, j’ai trouvé ma méthode. Avant de commencer l’écriture, l’intrigue globale était dessinée. Du début jusqu’à la fin et, SURTOUT, avec un milieu ! J’ai un gros problème avec les milieux. Pour la première fois, j’ai démarré un premier jet en sachant exactement où j’allais.

 (Avec le recul, je n’avais pas assez planifié, mais j’y reviens un peu plus loin)

2 — Mes premiers jets ne sont que des brouillons synthétiques et illisibles de mon histoire.

La deuxième leçon que j’ai tirée de cette aventure est un truc simple, mais pas forcément évident pour tout le monde. Le premier jet est un brouillon. Quand on sait ça, on en a fini de bloquer sur une phrase ou un mot pendant trente minutes, on avance et c’est tout ! Tant pis si notre phrase ne veut rien dire.

Le premier jet de La famille Irma, je l’ai écrit en trois mois. C’était la première fois que ça m’arrivait d’avoir une histoire en entier posée sur le papier.

Cette première ébauche est très loin de la version que j’ai soumise aux maisons d’édition. C’était seulement un enchainement d’action, une version très synthétique de mon histoire. (Ce qui est peut-être dû au fait que je n’écrivais que des scénarios dernièrement)

Voici comment je travaille pour tout ce que j’écris : je lâche sur ma feuille tout ce qui me vient, pour avoir une trame, puis je restructure, et formule correctement mes phrases. Je fonctionne aussi comme ça pour écrire mes articles de blog.

MAIS, durant cette période, j’ai commis une grosse erreur. Les premiers chapitres, je ne les ai pas écrits dans l’ordre, et j’en ai sauté certains. Vous pouvez le faire, mais écrivez au moins un petit résumé du chapitre, pour ne pas laisser juste un trou. Ce sera plus facile lorsque vous reviendrez pour l’écrire. Résultat, j’ai réécrit mon premier chapitre au moins 10 fois.

3 — J’écris mon premier jet entièrement sur papier.

J’ai toujours essayé de commencer mes anciens projets sur l’ordinateur et ils ont rarement dépassé le chapitre 1… Quand j’écris à la main, les idées me viennent plus naturellement, peut-être car j’ai plus conscience que c’est un brouillon.

En plus, j’aime cette phase où je dois taper chaque chapitre sur l’ordinateur. Ça me permet de relire une première fois le manuscrit en entier, sans avoir l’impression de le faire. Parfait pour moi qui déteste me relire.

4 — Planifier, c’est bien. Correctement, c’est mieux.

En septembre 2021, après une pause, je commence la première réécriture (qu’on ne peut pas vraiment appeler une réécriture, mais plutôt un deuxième jet ou une première version au propre).

Vu que je ne me suis rendu compte qu’après coup que je n’avais pas assez étoffé l’univers, mes personnages, et les intrigues, j’ai passé de longues semaines à enrichir mes fiches. Ensuite, j’ai repris chapitre par chapitre, pour rajouter et modifier.

Autre point : je préfère tout planifier en amont, mais j’aime tout de même lorsque certaines idées me viennent en cours de route et qu’elle complète parfaitement ce qui est déjà en place. Dans ces moments-là, j’ai l’impression d’être seulement une spectatrice de mon histoire, que c’est elle qui se présente à moi.

Cette phase de réécriture a durée jusqu’en juillet 2022. Je suis une autrice terriblement lente comme vous pouvez le constater. Mais, à l’époque, j’écrivais simultanément les scénarios d’une web-série, qui me prenait beaucoup de temps. La preuve que je suis lente, mais qu’en plus, travailler sur deux projets d’écriture en même temps ce n’est pas pour moi.

5 — Dans un premier temps, j’écris mon roman pour moi.

Juillet 2022. Avant de partir en vacances, j’imprime mon manuscrit, le relie et le donne à lire pour la première fois, à mon frère et à ma mère.

Leurs retours se résumaient à : « Il est cool ton livre, Juliette, mais elles sont où les descriptions ? ». Ouais, les descriptions je déteste ça, mais c’est quand même indispensable dans un roman. Sans m’en rendre compte, je les avais complètement zappés.

Du coup, c’était rebelote pour ajouter des descriptions. Note pour moi-même : penser à écrire des descriptions (même très courtes) dès le premier jet. En fait, j’avais tellement en tête mes personnages et mon univers, que je n’ai même pas pris le temps de les présenter aux lecteurs.

Mais je pense qu’écrire ce roman seulement pour moi dans un premier temps, de me raconter cette histoire à moi-même, ça m’a aidé à ne pas me mettre la pression.

À cette étape-là du processus, j’avais beaucoup appris sur moi-même, mais je ne voyais plus rien. Ma plus grosse erreur, c’est de ne pas avoir envoyé mon manuscrit à une personne compétente plus tôt. Je sentais que mon manuscrit n’était pas terminé et pourtant, j’ai laissé ma mère me convaincre de l’envoyer aux maisons d’édition.

travail d'un écrivain sur son premier roman

Les premiers envois et une coupure bien méritée

Un an et demi plus tard, quand je repense à mes soumissions de l’an dernier, je me dis que j’étais bien bête. J’ai envoyé mon manuscrit à une vingtaine de maisons d’édition (en prenant soin de regarder s’ils publiaient de la jeunesse et du fantastique quand même), sans réellement les sélectionner, sans dossier de soumission, avec un simple petit message dans le corps du mail.

Mon manuscrit n’était pas prêt et, au fond, je n’y croyais pas vraiment. Mais, en janvier 2023, il a été envoyé.

Pendant cette attente, en février 2023, je commence le deuxième tome de La famille Irma. Ça me fait un bien fou. Les réécritures commençaient à me rendre folle. Pour le premier jet du tome 2, j’ai commis la même erreur que pour le tome 1, mais avec la fin : la seconde partie n’était pas assez planifiée. Heureusement, j’ai rectifié le tir avant même de l’écrire et j’ai terminé sereinement ce premier jet. Je l’ai terminé l’été dernier, et je m’y suis remise qu’au mois de mars.

Mais, revenons au premier tome, et à l’une des choses les plus importantes que j’ai comprises :

brouillon premier jet du roman d'un auteur de livres fantastiques

L’importance d’être bien accompagné durant l’écriture.

On a souvent cette idée que l’écriture est un travail de solitaire, et c’est vrai en grande partie. Moi, par exemple, je ne me vois pas faire relire mes textes à des gens si je n’ai pas une première version propre que j’ai déjà retravaillée plusieurs fois.

Mais au bout d’un certain temps, j’ai besoin d’aide pour me relire, j’ai du mal à avoir du recul et à mettre le doigt sur ce qui ne va pas dans mon travail.

L’été 2023, je me renseigne sur les bêta-lecteurs professionnels. Je me rends enfin compte que seul l’avis d’une personne qui connaît les romans et le milieu de l’édition pourra m’aider à améliorer mon histoire. En septembre, je rencontre Chloé et là pour le coup, c’est loin d’être une erreur.

Ses retours sont ultracomplets : des annotations partout dans le roman, un compte-rendu de 20 pages, les points positifs et négatifs de chaque chapitre…

Bon, au début, autant de retours à traiter, ça fait peur. Mais il faut garder en tête que c’est pour améliorer son histoire et que certaines de ces remarques ne seront peut-être pas à prendre en compte. Après tout, ça reste votre œuvre et vous faites bien ce que vous en voulez !

Là encore, je me suis rendu compte que j’avais encore tellement de choses à apprendre.

Fun facts ou la liste des petites choses que j’ai apprises sur moi ou sur l’écriture en général.

  • Le mot cerne est masculin (alors ça, je ne m’en remets pas).
  • L’existence des tirets cadratin. Pour les dialogues on utilise — et pas —
  • La mise en page correcte d’un manuscrit (Times New Roman, en 12, interligne double, des alinéas à chaque paragraphe, des sauts de pages entre les chapitres).
  • On dit ajouter ou entrer, et pas rajouter et rentrer !
  • Mes pires tics d’écriture: « regard », « hocher la tête », « sourcils »…

Je pourrais continuer pendant des heures, mais je vais m’arrêter ici.

Le processus d’écriture n’est qu’un apprentissage continu

Chaque roman n’est qu’apprentissage. Il faut admettre qu’on ne sait rien. Pour résumer ici, voici mes trois conseils les plus importants :

  • Écrivez avec une méthode d’écriture qui vous convient.
  • Ne prenez pas en compte des « conseils d’écriture » qui ne s’appliquent réellement qu’à la réécriture.
  • Apprenez à vous connaître en tant qu’auteur.

Quelle est la plus grosse erreur que je pourrais faire pour l’écriture de mon deuxième roman?

La plus grosse erreur que je pourrais faire, c’est de croire que je n’ai plus rien à apprendre. Je me connais oui. Mais on est toujours en évolution, et mon écriture évoluera elle aussi. Peut-être que je vais trouver une méthode qui me conviendra encore mieux.

J’ai encore tellement à apprendre. C’est pour ça que j’aime partager mon petit parcours, et que j’aime entendre ceux des autres, ils ont toujours quelque chose à nous apprendre.

Cet article était un peu plus long que les autres, mais il y a tellement de choses à dire ! J’ai essayé d’être la plus succincte possible.

En tout cas, écrire sur tout ça m’a fait beaucoup de bien.

À la prochaine, 

 Juliette.

autrice juliette febrero

Merci de m'avoir lue !

Juliette Febrero

Autrice pour la jeunesse et scénariste

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