Deux salons du livre, deux refus et deux romans

Dans cet article, on fait le bilan sur mes premières fois en salon du livre, les refus que j’ai reçus pour mon manuscrit, ma panne d’écriture et mon deuxième roman.
Cher lecteur, chère lectrice,
Nous sommes en juin. L’année a commencé depuis six mois, pourtant j’ai la désagréable impression qu’elle est déjà finie. Tout en étant persuadé d’avoir célébré la nouvelle année il y a quelques semaines à peine. Plus je vieillis, plus le temps semble s’accélérer et plus je deviens impatiente d’atteindre mes objectifs et d’accomplir mes rêves. Malheureusement, écrivain est un métier de patience.
On entend souvent que ce qui compte, ce n’est pas la ligne d’arrivée, mais le chemin parcouru. Mais quand on est au bout milieu de cette course, profiter du chemin peut s’avérer difficile. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé ce blog (ce journal d’écrivain), pour raconter mon parcours, semé de doutes, de réussites, d’expériences… peut-être qu’en le partageant, je parviendrais à l’apprécier.
Remontons dans le temps, plus exactement deux mois plus tôt, en avril. Comme l’indique le titre, le chiffre deux aura son importance dans cette lettre.
2 salons du livre
Enfant, j’ai de vagues souvenirs de visites dans des salons du livre, notamment celui de la bande dessinée à Angoulême. Jusqu’à cette année, je n’avais jamais renouvelé l’expérience. L’an dernier, j’ai commencé à me renseigner sur les différents salons et à dresser la liste de ceux qui m’intéressaient. Malheureusement, j’ai manqué celui de Montreuil en novembre dernier. Erreur que je ne commettrai pas cette année !
Dans mon cercle proche, je ne connais personne qui partage ma passion pour l’écriture ou qui est lié au monde du livre et de l’édition. Ces salons étaient pour moi le lieu idéal pour rencontrer des personnes qui me ressemblent.
Le Festival du Livre de Paris (du 12 au 14 avril 2024)
Cette année, le premier salon qui m’intéressait était celui de Paris. En avril, je suis donc monté jusqu’à la capitale en embarquant mon amoureux avec moi, bien décidé à participer en tant que visiteuse au Festival du Livre de Paris. L’expérience fut rapide, car j’ai commis plusieurs erreurs.

Premièrement, nous y sommes allés le dimanche, parce que nous avions d’autres choses de prévues le vendredi et le samedi. Or, plusieurs conférences qui me donnaient envie se déroulaient les jours précédents. Moi qui pourtant adore planifier, je n’avais même pas pensé à consulter le planning des conférences.
Deuxièmement, ce salon est très général et n’est pas axé sur la jeunesse ou sur l’imaginaire. Je connaissais peu d’auteurs présents, mais j’ai tout de même vu Emma Green et Cassandra Clare (de loin) !
Troisièmement, je n’ai osé parler à aucun auteur ou autre personne présente sur les stands, alors que c’était l’objectif même de ce voyage ! Il faut savoir que je suis plutôt timide. J’ai du mal à engager la conversation avec les autres et surtout, à parler de moi. Pourquoi les autres en auraient quelque chose à faire ? Du coup, c’est ironique d’écrire ce blog me direz-vous. Oui. Mais ce n’est pas pareil, si ça ne vous intéresse pas, vous pouvez passer votre chemin et je n’en saurais jamais rien.
Nous ne sommes donc restés qu’une matinée au salon, et je suis repartie à Lyon avec quelques regrets.
Les Imaginales (du 23 au 26 mai 2024)
Un mois plus tard, j’ai de nouveau traîné mon amoureux à l’autre bout de la France, pour aller aux Imaginales, à Épinal. Les Imaginales, c’est le festival spécialisé dans la littérature de l’imaginaire. Avant de m’y rendre, j’étais excité et très stressé à la fois. J’avais terriblement envie d’échanger avec d’autres auteurs, tout en sachant que j’allais avoir du mal à faire le premier pas vers les autres.

Le bilan ? Le festival est super cool. Il se déroule en extérieur, dans le parc du Cours, au bord de la rivière de la Moselle. Le soleil était au rendez-vous, malgré quelques gouttes de pluie le dimanche. J’ai adoré les décors, et les nombreuses personnes costumées. La majorité des conférences étaient intéressantes, bien que d’autres se sont contentés d’effleurer certains sujets sans rien apporter de nouveau.
Au contraire de Paris, j’ai surpassé ma timidité et réussi à parler à quelques autrices, mais pas assez. Les Imaginales avaient aussi prévu une rencontre auteurs/éditeurs, où l’on pouvait venir pitcher son roman, mais j’avais loupé les inscriptions depuis longtemps. De toute façon, avec le recul, je ne suis pas sûre que j’en aurais été capable. Ces dernières semaines, j’étais plutôt dans le mood de me cacher et d’éviter toute interaction sociale qui me prendrait un peu trop d’énergie.
Pour faire un petit bilan sur ces salons : c’est sympa de se retrouver autour de personnes qui aiment et font la même chose que toi, mais ce n’était pas la meilleure période pour y aller, et je vous explique pourquoi juste en dessous.
2 refus pour mon premier roman
En mars, j’envoie mon premier roman, La famille Irma, à différentes maisons d’édition, avec beaucoup d’espoirs. Cette fois-ci, je crois en mon manuscrit. Il n’est pas parfait, c’est impossible qu’il le soit, mais j’espère qu’il touchera un éditeur.
Deux mois plus tard, j’ouvre ma boite mail comme tous les matins, et l’un d’eux attire mon attention. L’expéditeur, c’est Hachette Roman, une maison de laquelle j’espérais réellement un retour positif. Mon cœur bat la chamade lorsque je clique pour l’ouvrir. « Nous n’avons pas pu retenir ce texte pour publication… ». Je relis plusieurs fois ces quelques phrases. La lettre n’est pas personnalisée, c’est un message type que beaucoup d’auteurs comme moi doivent recevoir.
L’année dernière, les refus que je recevais ne m’atteignaient pas, je les trouvais normaux, parce que je ne croyais pas en mon histoire. Je ne dis pas que ce refus-là n’est pas normal, mais il fait mal. Surtout lorsqu’il est suivi d’un second, de Gallimard, à peine une semaine plus tard. De nouveau, je me retrouve face à une lettre type, sans personnalisation. Je crois que c’est ce qui m’a le plus touché, de me dire que j’ai reçu plus de refus personnalisés contenant des encouragements en envoyant l’ancienne version que la nouvelle que j’ai beaucoup retravaillée.
Ces deux refus ont nourri les doutes déjà présents dans mon esprit. Rapidement, les pensées négatives se succèdent, sans qu’on puisse les arrêter : « Mon histoire n’est pas assez originale ». « Mon style d’écriture est trop banal », etc., etc.
Il y a des tonnes de raisons pour lesquelles un éditeur refuse un manuscrit : il ne rentre pas dans la ligne éditoriale, il ressemble à l’un de leurs romans sortis depuis peu, il ne l’a pas assez touché… pourtant, la seule qui nous paraît valable quand on reçoit ce refus, c’est « mon livre est nul ».
Le problème de ces deux refus, ce n’est pas seulement que ça a entaché ma confiance en moi et en mon écriture. C’est qu’ils ont créé un énorme blocage de plusieurs semaines sur tout mon travail. Et quand on est une personne qui est à son compte dans les deux côtés de sa vie, c’est compliqué.

2(ème) roman en cours
Ce deuxième roman, c’est le second tome de La famille Irma, qui sera une duologie. J’ai écrit le premier jet l’année dernière, du mois de février jusqu’à l’été, et je n’y avais pas touché depuis. Je travaillais sur le premier tome depuis si longtemps que je n’attendais qu’une seule chose impatiemment : entamer l’écriture du second. Bêtement, je me disais : « le premier jet est déjà écrit et il est très bien, je n’aurais qu’à modifier quelques trucs et il sera terminé avant la fin du mois de mai ». AH AH. Quelle erreur, de penser que le roman suivant sera plus facile que le précédent.
En commençant, j’ai eu mon habituel coup de mou/microblocage que j’ai à chaque début de réécriture. Le travail me paraît tellement colossal que je repousse le moment où je vais devoir m’y mettre, et je veux tellement écrire quelque chose de parfait, mais comme je sais que ce n’est pas possible, je préfère ne rien écrire.
Au moment où j’ai réussi à dépasser ce coup de mou, c’est là que j’ai reçu ces refus. Résultat ? Le tome 2 est resté en stand-by pendant des semaines, alors que je vivais ma meilleure crise existentielle.
Si vous passez par-là, et que vous avez envie de surmonter votre blocage d’écriture, je n’ai que le conseil le plus classique du monde à vous donner : laissez passer du temps. Se forcer, pour moi, ça ne sert à rien et ça risque que vous vous retrouviez dégoûté de l’écriture.
Ce qui m’a aidé à surpasser mon blocage :
- Relire le premier jet de mon premier roman. Je me suis rendu compte d’à quel point ce premier jet était nul et de tout le travail que j’avais accompli pour arriver à la version finale. Ça fait trop du bien de se rendre compte qu’on progresse. L’écriture c’est comme toutes les autres disciplines, ça se travaille ! Vous avez déjà vu un musicien jouer une musique comme il faut du premier coup ? Moi non plus.
- Écrire dans d’autres couleurs ou des polices bizarres. Apparemment, le cerveau comprend mieux que ce que vous écrivez n’a pas à être parfait tout de suite et c’est plus facile d’avancer.
- Écrire ces doutes et ces peurs. Nous sommes écrivain, alors autant profiter de l’écriture en l’utilisant de manière thérapeutique. Écrire tout ce qui me bloquait, qui me paraissait insurmontable, du plus logique au plus inutile, ça m’a vraiment aidé à me rendre compte que certaines peurs étaient bêtes, et à comprendre ce qui se cachait derrière.
- Écoutez des podcasts où des auteurs parlent de leurs parcours. Ça m’a aidé à réaliser que beaucoup d’écrivains sont passés par là, et à relativiser sur ma situation. (Le meilleur, c’est Les Mots Raturés, de Margot Dessene).
Et aujourd’hui ?
L’écriture du deuxième tome a repris et malgré quelques galères, j’avance sereinement. Doucement, certes, mais je suis une tortue et je commence à être en paix avec ça. Hâte de vous partager toutes ces galères dans une prochaine lettre.
Juliette

Merci de m'avoir lue !
Autrice pour la jeunesse et scénariste
